La saga tsigane de Roberto Lorier.
par A. Bidaut
♦ Portrait. Un roman historique sur le peuple Tsigane. C'est une première en France. Rares sont ceux qui se sont penchés sur ce passé douloureux. Roberto Lorier a franchi le pas en couchant sur le papier une histoire presqu'aussi vieille que le monde, celle de ses racines, entre l'Inde de l'an mille, et la Lorraine où il vit aujourd'hui. Il dédicaçait son ouvrage à l'Eté du Livre les 4, 5 et 6 juin 2010. Le livre est avant tout une histoire de famille. [Article]
METZ._ "Pourquoi avoir fait un livre sur les Tsiganes? Parce que je suis Tsigane". La réponse sonne comme une évidence pour Roberto Lorier, l'auteur de "Saga Tsigane? Pâni et le peuple sans frontière". Le livre remonte à l'an mille, lorsque le peuple s'est exhilé de
l'Inde. Mais il est surtout une histoire de famille: "Tout a commencé en 2005: mon père voulait que je fasse des recherches sur la généalogie de la famille. Je suis remonté jusqu'en 1850. Je me suis dit, autant remonter aux origines", explique Roberto Lorier. Remonter à la source, comme l'évoque le prénom de l'héroïne: Pâni, qui signifie eau en langue tsigane.
Des origines à nos jours. Si ce premier tome revient sur la première grande migration tsigane, l'auteur a prévu une suite. Une dizaine de romans suivront. Le dernier s'arrêtera sur le monde contemporain et se recentrera sur la famille de l'auteur. "Ce qui est passé est toujours présent. Le peuple tsigane a beaucoup souffert et continue à souffrir aujourd'hui." Evidemment, le roman ne pouvait être qu'engagé: "j'écris beaucoup entre les lignes", avoue Roberto Lorier.
L'homme est un autodidacte. Il n'a pas fait d'études littéraires et son approche de l'écriture en est orginiale. "J'ai écrit ce livre très intuitivement. C'est seulement plus tard que j'ai fait des recherches historiques", confie-t-il.
Les Tsiganes sont un peuple de tradition orale. Difficile de trouver des traces de ce passé. Pour paufiner ses recherches, Roberto a beaucoup voyagé, notamment en Grèce. Et la magie tsigane opère: "C'est marrant, quand on parle de choses très anciennes, du passé lointain, on arrive à se comprendre, on parle tous la même langue. C'est quand on parle du monde contemporain que les difficultés arrivent". Ainsi, il a pu recueillir des informations sur l'histoire de ce peuple maudit. Pour écrire, il s'est beaucoup inspiré de la bande dessinée, grossissant les caractères quand le personnage crie, les réduisant quand il murmure. Roberto Lorier n'hésite pas non plus à interpeler ses lecteurs, en leur offrant des encadrés où ils peuvent réagir aux questions qu'il lance. L'ouvrage est entrecoupé de dessins de Nicolas, "Niki" Lorier, le papa de l'auteur, qui est aussi l'auteur de la toile de la couverture. Une histoire de famille, toujours.