tsiganes gitans manouches


    tsiganes gitans manouches






Bohémiens en voyage




La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.



Charles Baudelaire












tsiganes gitans manouches



C'est auprès du feu,
Quand il ne peut plus marcher sur la route,
Que le Manouche voyage le plus loin.
Le vent lui raconte
Les paysages qu'il a traversés.
Les hommes qu'il a rencontrés.
Les espaces bordés de haies, les hérissons qui s'y cachent.
Pour lui...le voyage ne s'arrête jamais.



La Tzigane savait d'avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sortit l'Esperance
L'amour lourd comme un ours privé
Dansa debout quand nous voulûmes
Et l'oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Avé

On sait très bien que l'on se damne
Mais l'espoir d'aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
À ce qu'a prédit la tzigane

APOLLINAIRE


Apprendre à se connaître c'est aussi apprendre à se respecter.Yvon Massardier...tsigane gitan manouche rom

Gustave Flaubert, dans une lettre à George Sand, écrivait :
"Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois, et toujours avec le même plaisir. L'admirable est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j'ai entendu des jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de très complexe. C'est la haine que l'on porte au bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète, et il y a de la peur dans cette haine.
Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère."


La route est faite pour aller puisqu'elle est plate.
La roue est faite pour rouler puisqu'elle est ronde.
Cours, marche ! le nuage ne s'arrête que pour pleuvoir
et le Rom ne se fixe que pour pleurer.
Jean Richepin



tsiganes gitans manouches


Autrefois nous étions des oiseaux
Une légende raconte que les Tsiganes avaient longtemps été des oiseaux. Un jour, en plein vol au-dessus des terres, ils virent un palais doré, rayonnant au soleil et descendirent le voir. Les hôtes du palais, les dindes, les poules et les canards, alors éblouis par la beauté des tisganes-oiseaux se mirent à leur offrir des bijoux précieux et des friandises de toute sorte, les suppliant de rester dans leur pays. Et bientôt tous les oiseaux se trouvèrent couverts de chaînes en or, des pieds à la tête. Un oiseau seul avait alors repoussé la tentation en poussant tous les autres à continuer à voler. Lui seul n’avait pas touche à l’or. Hélas, nul ne l’entendit. Alors, le malheureux s’éleva dans les airs et se jeta du haut des cieux sur les pierres. C’est seulement à cet instant que les tsiganes-oiseaux s’éveillèrent du sommeil et battirent les ailes. Mais l’or les tirait vers le bas et ils ne pouvaient quitter le sol. Les dindes, les poules et les canards chantaient leur victoire. Désormais ces beaux oiseaux allaient à jamais rester dans leurs cages dorées. Soudain, une petite plume rouge fit son entrée au palais et glissant à tous entre les doigts, se posa au pied des oiseaux. Tout l’or tomba alors de leurs corps mais les ailes n’obéissaient plus. Ils n’arrivèrent plus à s’envoler. La petite plume rouge, tendrement ramassée par le vent, quitta le palais et s’en alla errer sur les voies poussiéreuses. Les Tsiganes la suivirent et perdant leurs plumes bout par bout, se transformèrent ainsi en humains. Homme de corps, oiseaux de l’âme, ayant désappris de voler à jamais.





La gitane en littérature

Poésie :

-  APOLLINAIRE, Alcools
« Saltimbanques » (chanté par Léo Ferré)
« La tzigane » : mais elle n’apparaît que pour prédire, elle ne danse pas.
« Crépuscule » : plutôt sur le cirque mais avec des « sorciers venus de Bohême »
« Salomé »

-  ARAGON « après l’amour », poème qui se trouve dans Le Roman Inachevé, dont on trouve ici un extrait
-  BAUDELAIRE, « Bohémiens en voyage » dans Les Fleurs du Mal.
-  GARCIA LORCA, El Romancero Gitano
Voir par exemple le poème « Preciosa y el aire »
-  GAUTIER T., « Carmen », poème issu du recueil Emaux et Camées
Le poème a été adapté en chanson par le chanteur Daniel Lavoie.
-  A. GLATIGNY, « Les Bohémiens » dans Les vignes folles

Chansons :

-  ARAGON, une partie du poème « Après l’amour » a été mise en musique par Léo FERRE et chantée par lui et Yves MONTAND sous le titre « L’étrangère ». On peut lire ici les paroles
-  Michèle BERNARD, « Maria Suzana »
Un texte remarquable, la chanteuse mérite d’être connue.
-  Les Compagnons de la chanson, « Les Gitans » (1952).
-  Jacques GOUDEAUX, « Les Bohémiens »
-  Félix GRAY, « La gitane »
-  Luc PLAMONDON, Richard COCCIANTE, la chanson « Bohémienne » extraite de la comédie musicale Notre Dame de Paris (paroles et musique, 1998).

Musique :

-  Il existe aussi des mises en musique, notamment la récente version de Vicente PRADAL, intitulée simplement « El Romancero Gitano » inspirée de l’oeuvre de F. GARCIA LORCA.
-  BALAMUK, « Les Yeux Noirs » : référence musicale moins évidente.

Roman :

-  HUGO, Notre-Dame de Paris, les descriptions d’Esméralda en train de danser.
-  MERIMEE, Carmen.

Un site :

-  Pour tout savoir (ou presque) sur les tsiganes : histoire, culture, arts, liens, biblio, filmo etc. voir le site Tsiganes. On y trouve même un poème d’Apollinaire sur les manouches et un texte de Flaubert.

Céline May




Théophile GAUTIER et les TSIGANES



tsiganes gitans manouches

tsiganes gitans manouches