PRESENTATION DE L’A.R.I.V.




Cette présentation de l’association A.R.I.V., des missions de son service social et de la population des gens du voyage est avant tout un témoignage d’expériences et d’actions sur le département. Ce n’est pas LA SEULE VERITE car il est essentiel de ne pas généraliser. La société tsigane est composée de groupes dont les membres vivent des existences variables (nomadisme ou sédentarisation, aisance ou précarité, marginalisation ou intégration). Mais il est vrai qu’ils maintiennent des traits qui les rapprochent les uns des autres, une cohésion sociale dont les valeurs essentielles sont la famille et le voyage.

Les situations sont toujours très locales, et d’un département à un autre, voire d’une commune à une autre, il y a des différences parfois conséquentes ; on ne peut calquer un modèle ou des critères communs à toutes les régions ; un exemple : Certaines familles d’origine manouche qui vivent dans le département de La Loire, sont en grande précarité ; D'autres en Alsace, sont parmi les familles du voyage les plus aisées.

LES GENS DU VOYAGE

Ce terme assez général, est adopté par une majorité de personnes, voyageurs ou sédentaires, et désigne des populations dont l’identité est liée à un mode de vie et à une culture issue du nomadisme (.

D’après le rapport du Préfet DELAMON de 1990, les Gens du Voyage sont estimés à 350 000 en France. Il est très difficile de recenser cette population, et même le dernier recensement de mars 1999 ne pourra indiquer des chiffres précis, car ce sont les gens vivant en caravane qui ont été comptabilisés le premier matin sur toutes les communes. Le chiffre de 450.000 serait plus prêt de la vérité

Aujourd’hui, en France, vivent de nombreuses familles tsiganes. Selon les chiffres officiels, un tiers de la population voyagerait beaucoup, un tiers serait semi-sédentarisé (les voyages se font une partie de l’année et généralement dès le printemps pour s’arrêter l’hiver), le dernier tiers serait sédentarisé (vivant soit en logement de type traditionnel, soit encore en caravane).

Le mode de vie

L’itinérance est la base de la vie du voyage. L’activité économique en dépend. Les activités professionnelles sont traditionnelles (la chine : vente au porte à porte de paniers, dentelles, élastiques… ; récupération de ferraille ; rempaillage et cannage de chaises ; vente sur les marchés ; stands dans les foires et fêtes foraines ; étamage ; aiguisage ; activités du cirque...). Selon les villes où l’on se trouve, il est possible ou non d’exercer ; selon les saisons, les familles changent de place… L’activité est indépendante. Le voyageur gère sa vie professionnelle, il a besoin de sa liberté d’action. Il est capable de s’adapter, de changer de métier ; la vie se gère au jour le jour.

Les problèmes de stationnement se multiplient. En effet la possibilité de voyager est liée à celle de pouvoir s’arrêter. Or il y a de moins en moins de " places " pour des personnes de plus en plus nombreuses.

Différentes raisons amènent à l’arrêt du voyage : des problèmes de santé, des difficultés financières, un choix pour favoriser la scolarité des enfants…, mais rien n’est figé et l’on a vu des familles reprendre le voyage après plusieurs années de vie au même endroit. Même sédentarisés, les voyageurs sont liés à cette culture et la revendiquent. Ils se disent Gens du Voyage, car, pour eux, ce n’est pas qu’un mode de vie mais une identité.

Nous constatons, pour cette population dont le mode de vie est en évolution de fréquents problèmes de mal-être. S'arrêter provoque souvent des déprimes voire des dépressions et le mieux-être résulte souvent de la possibilité de repartir " sur le voyage ". Car c’est dans le voyage que le tsigane puise son énergie, c’est son facteur de dynamisme.

La religion

En France, la majorité des gens du voyage est de religion catholique. Les baptêmes et enterrements sont l’occasion de cérémonies religieuses, cela fait partie de la vie de façon incontournable. Les pèlerinages sont de grande importance, le plus connu est celui des gitans aux SAINTES-MARIES DE LA MER, mais il y en beaucoup (à LOURDES, ARS, PARAY-LE- MONIAL, ORCIVAL,).

Depuis plusieurs années est apparu le phénomène des grandes conventions qui peuvent rassembler de 20 à 200 caravanes. Les évangélistes et Pentecôtistes sont affiliés à l’église protestante. Les conventions sont l’occasion de nombreux voyages en groupes très importants.

Les relations avec les sédentaires

Les tsiganes et voyageurs sont en constantes relations avec les sédentaires, pour leurs activités économiques principalement, mais aussi pour tout ce qui concerne la vie quotidienne.

De préférence, ils préfèrent se retrouver entre gens de la même culture et évitent les relations avec les " gadjé " que nous sommes. Mais les contacts sont obligés. Ils ont une méfiance ancestrale vis à vis de nous de par les siècles de rejet et d’exclusion qu’ils ont vécus. . Depuis plusieurs siècles la réaction générale lors de l’arrivée des tsiganes est la suspicion, la peur et le rejet … Ces phénomènes d’intolérance et d’exclusion induisent la méfiance mutuelle et l’agressivité. Les tsiganes ont su utiliser ces préjugés, jouant dans leur sens ou contre eux, selon les occasions.

Souvent ils se sentent incompris et dans ces situations, le degré d’agressivité monte vite. Les personnes que nous rencontrons au service social nous l’expriment souvent. Un minimum d’écoute, d’explications, de compréhension permet le dialogue, la communication. Il est dommage qu’à notre époque il y ait besoin de médiateur pour que cette communauté et la notre aillent à la rencontre l’une de l’autre.

Rares sont les sédentaires qui parviennent à se faire une opinion dégagée de préjugés à propos des tsiganes. Dans un cadre professionnel, il est nécessaire d’accepter nos différences, comme pour toute autre culture d’ailleurs. Il suffit simplement de travailler différemment.

L’A.R.I.V.

Association Régionale pour l’Information et la promotion des tsiganes et des gens du Voyage


C’est une association de loi 1901, créée en mai 1988 sur l’initiative d’un artisan de SAINT-CHAMOND, Yvon MASSARDIER, ami des voyageurs. Il est rejoint par d’autres sédentaires. Ils se constituent en association pour être reconnus. Le conseil d’administration et le bureau sont aujourd’hui composés d’une dizaine de bénévoles : sédentaires et voyageurs.

Les objectifs de l’A.R.I.V. sont la promotion et la reconnaissance des populations gens du voyage, de leur mode de vie et de leur culture… Depuis toutes ces années, un travail de fond et de longue haleine est fait. Il permet aujourd’hui une meilleure compréhension du monde des voyageurs par les sédentaires et vice versa.

En 1989, l’A.R.I.V. est agréée service instructeur de la demande administrative du R.M.I. par le Préfet de la Loire. L’agrément élection de domicile se fait en même temps. Très vite il y a un nombre important de contrats d’insertion. Le président fondateur de l’association gère tout cela dans l’arrière-boutique de son commerce, en plus de tout ce qui se fait depuis plusieurs années…Des financements sont sollicités pour qu’un travailleur social prenne le relais, ainsi le service social de l’association est créé.

Les multiples contacts, interventions de médiation, explications et implications de l’association, au quotidien pour des questions d’accueil, de tolérance, de soins, d’accès aux droits les plus simples, de scolarité, de justice… ont aidé les " gadjé " que nous sommes à aller à la rencontre des Gens du Voyage et ont permis à ces derniers d’être mieux acceptés. Le même travail de fond est fait auprès d’eux pour qu’ils acquièrent une certaine confiance envers les sédentaires et qu’ils intègrent au mieux les règles de la citoyenneté. Le chemin est encore long, mais dans le département de la Loire, là où se situe l’A.R.I.V., chaque communauté a avancé, autant la nôtre que celle des voyageurs.



Ses missions principales sont l’accompagnement social des bénéficiaires du R.M.I. dans le cadre de leur contrat d’insertion, et l’accompagnement social lié au logement.

En janvier 1990, un premier conventionnement avec le Conseil Général de la Loire permet la création d’un poste de travailleur social, par l’attribution d’une subvention dans le cadre du suivi des contrats d’insertion des bénéficiaires du R.M.I. Dès juillet 1990, suite à l’augmentation du nombre de contrats d’insertion, une subvention complémentaire permet la création d’un deuxième poste de travailleur social.

En 1993, un troisième poste est créé pour l’accompagnement social lié au logement, grâce à des subventions D.D.A.S.S. et F.S.L.

Les bénévoles et les salariées interviennent en étroite collaboration : participation de bénévoles aux visites de terrains, aux rencontres avec les élus, au soutien scolaire, aux interventions du camion-école, aux rencontres avec la C.L.I., à certaines réunions à thème (santé). Une fois par mois, le comité technique réunit les salariées, les instituteurs de l’école itinérante et certains membres du bureau. C’est l’occasion de faire le point sur des questions de fonctionnement, des questions techniques, des réflexions diverses et régulièrement sur la situation de familles.

NOTRE FONCTIONNEMENT

Le service social gère plus de 620 dossiers. Sur ce nombre, plus de 400 ont l’adresse de l’A.R.I.V. et à la demande des personnes, le courrier est traité ; c’est la mission principale de la secrétaire.

Nous recevons sans rendez-vous, toute personne qui le souhaite dans le cadre de 4 permanences  par semaine, c’est aussi à ces moments que nous répondons au téléphone pour les familles qui ne peuvent venir (car elles sont sur le voyage et un peu loin de ST CHAMOND).

Pour les demandes de R.M.I. et les rencontres liées au contrat d’insertion, cela se fait sur rendez-vous, à l’A.R.I.V. essentiellement mais aussi à domicile. D’autres démarches se font également sur rendez-vous, pour les demandes de retraite, les renseignements pour l’inscription au registre du commerce, divers problèmes particuliers, et de plus en plus pour parler avec des personnes qui nous expriment le besoin de se confier…

Nous aidons les personnes dans toutes leurs démarches administratives, pour accéder à leurs droits ou pour régulariser une situation (couverture sociale, prestations familiales, démarches fiscales…) car 60 % des adultes sont illettrés.

Les tsiganes et voyageurs ont subi des siècles de persécution et de rejet, de lois qui les marginalisaient et les excluaient de la société française. Les comportements qu’ils ont adoptés en réaction de défense leurs ont permis de survivre au sein de la société. Dans ses relations avec les gadge, l’idée du rejet poursuit le voyageur en permanence. Aujourd’hui, les deux populations vont à la rencontre l’une de l’autre. Chacune doit apprendre à connaître l’autre et notre monde sédentaire peut offrir aux enfants voyageurs la possibilité de mieux le connaître par le biais de l’école.

Avant de pouvoir aller à l’école, l’enfant doit pouvoir dépasser sa crainte des " gadge ", les parents doivent être en confiance pour laisser les enfants y aller. Aujourd’hui pour un grand nombre de familles, l’école n’est plus l’inconnu, les jeunes parents ont été scolarisés pour une majorité. Ils ont appris à lire et à écrire et souhaitent ce même savoir pour leurs enfants. Ils ont le désir d’école pour eux.

Mais il reste certains adultes qui n’ont pas été à l’école et qui n’y envoient pas leurs enfants. Pour ceux-là, une étape intermédiaire est nécessaire, c’est l’école sur les lieux de vie.

LE CAMION-ECOLE

L’association est propriétaire d’un camion école(Maintenant géré par L'ASET) Il a été longuement rêvé par Yvon Massardier le président fondateur de l’A.R.I.V. Un de ses amis, un grand-père tsigane l’a baptisé "l’école pour l’avenir ".

Cette classe itinérante va à la rencontre des familles et permet de pré-scolariser les enfants. Le camion-école d. roule sur les routes du département depuis maintenant plus de 15 ans. Un nombre très important d’enfants y ont été scolarisés (plus de 150), certains quelques jours, d’autres quelques semaines chaque année à la même époque, d’autres encore très régulièrement. Pour des enfants qui voyagent, la scolarité n’est pas évidente. Ces enfants ont une forte capacité d’adaptation qui leur permet d’acquérir les apprentissages de base malgré une scolarité décousue. Ils ont très vite le goût d’apprendre.

Les instituteurs de " l’école pour l’avenir " viennent de l’enseignement catholique et sont détachés sur l’école itinérante dans le cadre d’une convention signée entre l’A.R.I.V. et la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique.


Une demande d'instituteur faite à l'Inspection Académique de la Loire avait été refusée.



Dans la Loire, l’école itinérante accueille essentiellement des enfants d’origine manouche ; y viennent aussi les plus grands qui n’auront jamais accès à l’école primaire et qui n’ont pas les acquis nécessaires pour suivre une scolarité de niveau collège, ceux-là suivent de plus en plus des cours par correspondance. " L’école pour l’avenir " se veut un pont entre le monde des voyageurs et celui des sédentaires, un pont entre le monde du voyage et l’institution école, une étape entre la non scolarité et l’école traditionnelle. Au cours des trois dernières années, plus de 20 enfants ont pu intégrer des écoles après un passage plus ou moins long dans le camion.

LES RELATIONS AVEC L’ECOLE

Depuis la création du service social, nous avons recherché les relations avec les écoles où sont scolarisés des enfants du voyage. Les échanges sont toujours intéressants et permettent une meilleure compréhension de tous ; la collaboration permet à l’enfant de pouvoir accéder au monde de l’école dans les meilleures conditions (de nombreux parents restent en méfiance et nous rappellent leur propre expérience où bien trop souvent " on nous mettait au fond de la classe, on nous donnait des feuilles et des crayons pour faire des dessins, et on ne s’occupait pas de nous ").



Lorsqu’une famille très réticente fait la démarche d’envoyer son ou ses enfants à " l’école des gadgé ", il faut rester humble et garder à l’esprit que rien n’est acquis et qu'il ne faut pas aller trop vite, en exiger trop au risque d’un retour en arrière. Par exemple, demander que l’enfant participe aux sorties à l’extérieur peut amener la famille à partir ; un matin elle attelle la caravane et elle s’en va. L’enseignant ne peut que constater l’absence et ne comprend pas car il n’y a eu aucun problème… mais les parents ne peuvent pas lui dire que pour eux, l’idée même de laisser son enfant aller au stade, à la piscine ou au musée est inadmissible. Il leur est difficile de donner des arguments explicites, que l’instituteur ne pourra comprendre, alors ils préfèrent partir et avec un habitat mobile, cela est facile. De tout temps, le départ était la solution en cas de problème, quel qu’il soit (rejet par les habitants du village, conflit avec la famille, mauvais temps ou difficultés économiques…).

C’est toute une culture différente, un autre mode de penser que l’enfant va découvrir à l’école, et les parents en ont bien conscience. Il est nécessaire de leur laisser du temps avant de leur demander de tout accepter.

Les relations de confiance que L’A.R.I.V. a mises en place avec les familles permettent des échanges et des avancées, que ce soit pour des difficultés rencontrées à la cantine ou dans la cour de récréation (par exemple des comportements d’enfants du voyage qui ne respectent pas le règlement) ou pour une meilleure compréhension de la demande de l’école. De même, sollicités par les parents, nous pouvons aider un enseignant à mieux comprendre leurs réactions. Comme tout le monde, les voyageurs sont sensibles à l’injustice et nous avons été témoins de situations délicates où l’enfant se sentait rejeté, victime de racisme. L’accueil est primordial pour eux qui sont si souvent victimes de rejet et d’intolérance. Parallèlement, ils doivent apprendre les règles de vie qui sont un peu différentes chez les sédentaires et chez les gens du voyage où l’enfant est roi, a peu de limites et apprend par expériences. Ces différences créent souvent des incompréhensions qui génèrent des difficultés.


Les parents nous interpellent beaucoup moins pour tout ce qui concerne l’école primaire : les décisions d’inscrire leurs enfants, les modalités à suivre, les problèmes qu’ils rencontrent.

Nous constatons de plus que les enfants sont de plus en plus nombreux à être scolarisés en maternelle, et cela prouve les changements importants de mentalité.

Nous sommes aussi de moins en moins sollicitées par les écoles du département depuis que l’Académie de La Loire a mis des moyens en œuvre par la création d’un poste de coordinateur. Dès le début de sa mission, la personne référente a travaillé en collaboration avec l’A.R.I.V. et l’école itinérante et ce partenariat s’avère positif.

Il est nécessaire que nos deux communautés, qui vivent ensemble sur le même territoire, s’acceptent dans leurs différences, que chacune fasse l’effort de comprendre l’autre, d’aller à sa rencontre, d’accepter son mode de vie. Cela effacera les distances et la méfiance réciproque et ira dans le sens d’un respect mutuel.



Le Prèsident, le Conseil d'administration.




Saint-Chamond Saint-Etienne 2009


L’Association que j’ai crée a plus de 25 ans. J’ai pris ma retraite et la nouvelle direction de l'ARIV,par incompétence et pour faire quelques misérables économies, a décidé de se séparer des camions école.
Ces deux classes itinérantes ont permis de nombreuses intégrations dans les écoles publiques du département. Le principal reste que des enfants ont appris à lire et à écrire et développé une relation affective avec l'école.
Fin tragique et lamentable décidée par le conseil d’administration qui n’a pas eu la volonté et le courage de poursuivre l'oeuvre commencée il a plus de 25 ans.

Les instituteurs avec la DDEC et l'Académique de la Loire mais sans les camions, continuent d’aller sur les terrains ou dans les écoles pour enseigner aux enfants tsiganes la lecture et l’écriture.
L’aventure continue!....





Nane tchaven nane bacht.
Pas de bonheur sans enfants .
Proverbe tsigane




Le 19 mars 2013,
Loire : l'association ARIV en liquidation judiciaire
Le tribunal administratif de Saint-Etienne a placé l’association ARIV en liquidation judiciaire. La structure, qui accompagne les gens du voyage, se trouvait en redressement judiciaire depuis février. Les huit salariés de l'association seront licenciés.