Leurs traditions et modes de vie
si différents des nôtres et la crainte qu'ils
inspirent, nourrie de préjugés solidement
ancrés rendent souvent difficile leur
cohabitation avec les populations sédentaires.
Si on dénonce l'antisémitisme ou toute autre
forme de racisme, on oublie toujours que ce
sont les Tsiganes,les Roms, les Gens du voyage qui, de
toutes les victimes de discriminations,
suscitent, et de loin, le rejet le plus large.
A l' inventaire des préjugés, ils se trouvent
largement en tête: la seule arrivée de gens du
voyage dans une ville suscite les pires
craintes pour la sécurité des biens et des
personnes.
Et même si des éléments objectifs prouvent
que la délinquance des gens du voyage ne
présente pas un taux différent de celui de
la population sédentaire, (3)
les tensions qui peuvent naître de leur
présence se soldent trop souvent par
l'intervention des élus et des agents de la
force publique pour les chasser.
Les succès médiatiques de leurs musiciens,
peintre ou poètes peuvent nous aider à mieux
apprécier leurs valeurs culturelles si
différentes des nôtres, mais ils ne masquent
pas les difficultés qu'ils rencontrent en
vivant quotidiennement leur tradition
pluriséculaire du voyage. L'urbanisation
galopante a peu à peu grignoté les espaces
susceptibles de les accueillir et
l'amélioration globale des conditions de vie
des populations sédentaires a creusé un peu
plus le fossé de l'incompréhension qui les
sépare des voyageurs.
O Moskro tradel men
Le Maire nous fait partir, mais
pour aller où et pour combien de temps ?
La Loi se veut généreuse puisqu'elle
permet aux nomades de nomadiser, mais
laisse à la générosité des Maires, malgrè
la loi Besson, de décider du lieu et de la
durée du stationnement. Il suffit de
quelques plaintes sans fondements
d'ailleurs, pour que le petit morceau de
terrain vague sur lequel se repose une
famille soit immédiatement après leur
départ confié aux soins du bulldozer.
" Allez sur la commune d'à coté. "
D es enfants
aux jambes nues, au sourire encore plein
d'espoir, jouent dans ces tranchées d'une
guerre qu'ils n'ont pas voulue mais qui
dure pour eux depuis plus de cinq cents
ans.
Notre regard ne voit que les belles
voitures et pourtant,la pauvreté est
présente partout autour des feux, près des
roulottes où des caravanes, mais celles
que l'on voit n'est rien à coté de la
pauvreté intérieur que chaque voyageur
ressent au plus profond de son coeur.
Privé de dignité, de droit, de relations,
ils voudraient pouvoir être fières aux
regards des Gadje, d'être : Manouche,
Sinti, Rom, Gitans, Yéniche.
Ham alautre tchorele.
J'ai vu cette pauvreté bien
souvent, mais elle était encore bien
plus cruelle dans la caravane de mon ami
Piou, seul sur un terrain vague, son
visage en forme de serpe, ses mains
longues et fines habituées a travailler
l'osier qui ne savaient plus que rouler
de maigres cigarettes, ses mains trop
fatiguées qui n'avaient plus que la
force de serrer les miennes, son regard
plein de surprise me questionnant sur le
pourquoi de cette misère... Je n'ai pas
pu te répondre Piou, mais nos mains se
sont serrées plus fort .
Tu as rejoint les tiens.
Ta roulotte tirée par deux
chevaux trapus semble glisser
doucement vers un horizon bordé de
haies. Des violons, des guitares, des
sifflements d'oiseaux, des murmures
d'eau pure dans un halo d'espoir,
accompagnent ton rêve. Tu conduis ta
vie de nomade poète sur une route que
tu n'as jamais voulu quitter, que tu
n'aurais jamais du quitter. Seuls les
princes et les tsiganes se moquent du
regard des autres. Fière d'être
Manouche, fière d'être un homme, sans
un regard pour ceux qui n'ont pas su
voir en toi un homme de liberté, tu me
tends la main.Tu peux compter sur moi.
Latcho drom mur pral
Yvon Massardier
[1] L'expression gens du voyage est une
catégorie juridique du droit français, mise en
circulation par deux dècrets de 1972, qui se
référaient à la loi du 3 janvier 1969 sur «
l'exercice des activités économiques ambulantes
et le régime applicable aux personnes circulant
en France sans domicile ni résidence fixe ».
Nous nous permettons de suggérer aux journalistes d´ écrire le mot Tsigane avec un S plutot qu avec un Z, car même si les deux orthographes sont admises, le Z est porteur d´un héritage traumatisant du fait qu´il était tatoué, suivi d´un numéro, sur le bras des détenus Tsiganes à Auschwitz.
[2] Roms ou c’est le
nom que les mouvements revendicatifs
d’intellectuels tsiganes voudraient imposer
comme terme générique. Mais les Tsiganes de France, Manouches et
Gitans le refusent.
Rrom avec deux r, est une fantaisie de quelques intelectuels roumains.
[3]Nous savons avec
certitude, grâce à d'excellents travaux
linguistiques que le romani se ratache aux
langues indiennes.(Francois de Vaux de
Foletier)
[4]
Henriette Asséo, Jeannine Thoral - Des Tsiganes ou des Roms : un peuple pourchassé
[5]
BERLIN.
Un mémorial aux Tsiganes tués par les nazis
L´Allemagne va ériger un monument en mémoire des centaines de milliers de Tsiganes (Sinti, Manouches et Roms) déportés et tués par les nazis en Europe. La construction est lancée à Berlin, 66 ans après la signature par Himmler, chef des S.S, d´une circulaire désignant ce peuple comme "un ennemi biologique, de race étrangère et de sang étranger", et ordonnant leur déportation.
Une vasque d'eau sombre avec, en son centre, un triangle de granit, d´oú s´Ã©chappera le son vibrant d´un violon.
Mais la réalisation a été retardée par une bagarre sans fin en raison d´une querelle sémantique: le président du Conseil central des Sinti et Roms allemands Romani Rose souhaitait que le mémorial mentionne les "Sinti et Roms", au lieu du mot "Tsigane" employé depuis 500 ans .
A l´inverse, la présidente de l'Alliance Sinti Natascha Winter tenait, elle, au terme "Tsigane".
Finalement, les protagonistes ont tranché: Sur le monument même les victimes devront être définies comme le groupe ayant été poursuivi en tant que Tsiganes".
Sigismond est un roi de la maison de Luxembourg né le 14 février 1368 à Nuremberg et mort le 9 décembre 1437 à Znojmo. Il règne sur la Hongrie à partir de 1387, sur la Germanie à partir de 1411 et sur la Bohême à partir de 1419, avant d'être sacré empereur des romains en 1433.